EXTRAITS DE PLANTATION MASSA-LANMAUX (roman, Éditions Maurice Nadeau)

PROLOGUE (Prix de la nouvelle 2008, concours La Matricule des Anges/Librairie La Mandragore)

Syncrétisme : de Delphes aux Yorubas

Les invertis du clair de lune

Bluette érotique aquatique

Sur les lectures parallèles

     Plantation Massa-Lanmaux est l’histoire d’une plantation située dans une île au XVIIIe siècle et dirigée par des aristocrates. Une écriture qui doit beaucoup aux auteurs du XVIIIe, en particulier au marquis de Sade. En sous-écriture une satire du colonialisme et du néo-colonialisme actuel.

Le roman se passe tout entier sur une île — des Antilles ou d’ailleurs —, à l’intérieur d’un lieu presque clos, courte plaine cernée d’un côté par la mer et de l’autre par la montagne. Après un prologue que l’on peut situer au début du seizième siècle, le reste du roman se déroule à la fin du dix-huitième siècle, à l’apogée du système esclavagiste. La narration est faite par deux voix entrelacées : la première est celle des maîtres, parle de leur vie et de leurs lois ; la seconde, celle des esclaves, révèle les dessous du système, complète et parfois dément le récit-maître.
Il ne s’agit pas seulement d’un roman historique : en ramenant à la vie l’édifiante Société d’Habitation dont la France de Voltaire, Montesquieu et Rousseau, s’accommodait fort bien (sur ses marches/marges coloniales), le roman pose la double question du Mal et du Désir : désir subjugué, contraint, canalisé, obligé de trouver ses voies clandestines, pour les Noirs ; désir apparemment affranchi de tout interdit, susceptible d’expansion infinie, et par conséquent de dégénérescences tout aussi infinies, pour les Blancs. La dialectique Sadienne du Désir et de l’Enfermement a ainsi connu une étonnante concrétisation historique dans les colonies françaises d’Amérique.
Corollairement, durant les presque trois cent ans que dura le dit « commerce triangulaire », et bien au delà de la disparition de ce « commerce » de sinistre mémoire, certains Blancs projetèrent sur le Noir ce qu’ils avaient en eux-mêmes de plus inavouable ; projection que met en lumière le roman.
Le retour à l’actualité de ces questions coloniales et raciales, sous l’impulsion des Pouvoirs français récents (« la France n’a pas à rougir de son histoire », disait-il), ainsi que les récents événements de Guadeloupe, sont venus étonnamment télescoper la parution de ce livre.

(Le titre, « Massa-Lanmaux », évoque le « mas a lanmo », « le masque de la mort » en créole Guadeloupéen. Il s’agit de l’un des « masques », l’un des personnages traditionnels, dans les carnavals des Caraïbes.
Les noms des chapitres sont ceux des différentes chaudières à sucre, dans les plantations du 18ème siècle.)

Laisser un commentaire