Les invertis du clair de lune

Contexte : « Plantation Massa-Lanmaux est l’histoire d’une plantation située dans une île au XVIIIe siècle et dirigée par des aristocrates. Une écriture qui doit beaucoup aux auteurs du XVIIIe, en particulier au marquis de Sade. En sous-écriture une satire du colonialisme et du néo-colonialisme actuel. »

La lune coule une lumière dure et froide dans les interstices d’un champ de jeunes cannes. Une petite troupe se rassemble sur la lisière : trois hommes blancs, deux femmes noires et un colosse noir vêtu d’une redingote grise. Après avoir vérifié de tous côtés que personne ne les espionne, ils se glissent l’un après l’autre, silencieusement, entre les rangs régulièrement espacés. Au milieu de la pièce, une surface peu étendue a été dégagée, ou plutôt saccagée : les roseaux abattus que l’on n’a pas pris la peine d’emmener jonchent le sol.

Arrivés dans cette enclave les blancs se déshabillent dans le plus grand silence, et échangent leurs vêtements contre des haillons d’esclaves de terre, qui ne leur couvrent que le haut du corps. Les femmes ont du mal à ne pas pouffer de rire, mais le colosse noir les toise du regard ; il leur distribue des fouets, et aux blancs des sabres à canne. Ces derniers alors, penchés, commencent à couper des roseaux, tandis que les femmes cinglent de coups de fouets à peine retenus les fesses que l’accoutrement et la posture, exposent. Le commandeur excite les hommes à la coupe, les femmes à la flagellation, et excité lui-même il saisit l’une des flagellantes, la trousse par derrière tout en fouillant d’une main son corsage.

Les femmes fouettent de plus en plus fort, les blancs gémissent et sont de plus en plus courbés, ils finissent par se mettre à quatre pattes comme des animaux. Leurs vits, appendices blanchâtres qui se balançaient dans le clair obscur entre les jambes, se redressent peu à peu — ils bandent, pendant que leurs fesses se composent de stries rouges autour du trou du cul.

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