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Lecture du « Raid Citroën, première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide », reliure demi basane marron, dos orné — LES AVENTURES DE L’ADJUDANT CHAPUIS, QUATUOR

Vers Chapuis Tèr
Toujours au bordj, où les bêtes des cameliers viennent roucoûler en se frottant contre les autochenilles, enduites de graisses de chamelle. Personne ne dormira de la nuit à cause du brâme des mâles enamourés des belles mécaniques françaises, de toute façon il y a beaucoup mieux à faire qu’à dormir : les mécaniciens Gaulois repeuplent le Sahara avec les hétranges herratines, pendant que leurs chefs descendus des nobles Francs comparent autour du feu leurs souvenirs de Saint Cyr et échangent des couplets d’Anna de Noailles. Les autochtones passent entre les chameaux pour tâter en connaisseurs les canons des mitrailleuses montées sur les autochenilles, ce qui augure bien de la mission civilisatrice de la France. On a envoyé à Paris un câblogramme décrivant les héroïques prouesses de la journée, et dans les usines Citroën de la métropole les braves ouvriers ont tous spontanément entonné la Marseillaise, au lieu de prendre leur pause pipi. Cependant dans le bordj c’est tout un pan de l’Empire qui se joue : Chapuis n’y tenant plus et ivre de vin de dattes s’est glissé sous la tente d’Aïsha, et s’est jeté sur la belle princesse berbère rescapée du rezzou. Celle-ci s’avère assez coriace et plutôt velue : surprise ! Aïsha n’est autre qu’Izmir, le fils de l’émir turcophile révolté Abd El’Khadr, infiltré dans l’expédition pour la subvertir et livrer les autochenilles entre les mains de la Sublime Porte, et cela va sans dire, de ses perfides alliés boches, cachés derrière la Porte ! Chapuis profère une bordée de jurons auvergnats, qui se trouvent malheureusement pour lui coïncider mot pour mot avec une brûlante declaration d’amitié en Arabe classique… À l’extérieur des tentes, inconscients du drame qui se joue, les chefs Francs discutent de leur avancement de carrière et comparent les dunes du Sahara à la Beauce décrite par Péguy… Les innocents ! Sous la tente de la pseudo-Aïsha, Izmir ayant tâté de la mitrailleuse de l’adjudant et bien auguré de sa mission civilisatrice, a entrepris de le retourner ! La suite, chers lecteurs assoiffés de sang et de sperme, au prochain épisode…

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Lecture du « Raid Citroën, première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide », reliure demi basane marron, dos orné — LES AVENTURES DE L’ADJUDANT CHAPUIS, TÈRE

Vers Chapuis Deuse
L’expédition pousse maintenant en avant la mission civilisatrice de la France dans des régions encore plus absolument désertiques et désolées et sinistres qu’avant, aussi impossible que cela pût sembler. Les autochenilles pètent des poulies mais rien de grave, à moins que l’ombrageux ingénieur Haardt, rajouté sur toutes les photos après coup, n’ait veillé à ce qu’on mentionnât aucun incident qui entachât la réputation des usines Citroën. Les braves mécaniciens gaulois comparent les véhicules dispersés sur le reg immonde et infini à une petite flotille de bateaux blancs. Ils y ont pensé sans même l’appui intellectuel de leurs chefs descendus des nobles francs et nourris de la meilleure culture classique. Les bords de la piste sont semés de squelettes de chameaux, la mort du chameau est décrite très en détail et ressemble beaucoup à celle du scorpion, évoquée plus tôt : le chameau se racornit sous le soleil et lorsqu’il en vient à mordre sa bosse il meurt dans un dernier spasme. C’est sans doute l’ingénieur Haardt qui a rajouté après coup cette description, et qui raconte n’importe quoi vu qu’il n’y était pas. Il y a aussi des cadavres de types morts de soif, et de pères blancs dévorés par les berbères cannibales. La chaleur est éreintante dans ces contrées inhumaines abandonnées de dieu et des hommes, mais les héroïques français ne perdent jamais l’objectif du regard : arriver à temps pour la soupe. Au milieu des squelettes, des enfants indigènes vendent des vertèbres de pères blancs pour quelques piécettes: les français fils de la IIIème république et de la loi de 1905 dédaignent ces reliques. Des femmes herratines, métisses d’on ne sait qui, courent aussi à côté des autochenilles, malgré leur vitesse fulgurante, et proposent leurs charmes aux mécaniciens, qui ne se laissent pas détourner de leur mission civilisatrice, en tout cas pas avant l’heure du souper. Finalement une nouvelle étape de solitude est vaincue, à travers ces régions mortelles que l’homme est censé n’avoir jamais foulé, et l’on parvient au bordj de Aïn Jattara, où le brave Ahmed, qui précède l’expédition sur toutes les étapes, a préparé la soupe et mis la table, grâce aux vivres déposées là par la logistique. À chaque page le brave Ahmed détache son profil noble et dévoué à la France sur un fond de soleil couchant, ou en silhouette au sommet d’une montagne abrupte, ce qui est sans doute le fruit des fantasmes refoulés de l’ingénieur Haardt, lorsqu’il réécrit l’histoire d’une seule main dans son bureau parisien de Citroën. Arrivé là je sais ce que tu vas penser, perspicace lecteur : il y a beaucoup de gens dans ce désert, et où est le mérite des types vu qu’une autre expédition a fait le même parcours et leur a laissé de la bouffe partout ? Je n’ai pas de réponse à cette question. En tout cas en voyant ses bacchantes tremper dans la soupe il vient à l’adjudant Chapuis de violentes associations d’idées relatives à la belle Aïsha, toujours recluse sous sa tente. Il y a également quelques types de TSF perdus au milieu de ces contrées inhumaines, et qui n’ont pas vu de femme blanche depuis six mois, mais il n’y en a pas dans l’expédition. La suite, cher lecteur, au prochain épisode.

Vers Chapuis Quatuor

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« Raid Citroën, première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide », reliure demi-basane marron, dos orné — LES AVENTURES DE L’ADJUDANT CHAPUIS, DEUSE

Les braves autochenilles, beurrées à la graisse de chamelle

Vers Chapuis Une

La belle Aïsha, princesse berbère rescapée d’un rezzou par l’expédition, refuse les avances de l’adjudant Chapuis. Les autochenilles pètent héroïquement des bielles de poulie, pendant que l’adjudant se graisse les bacchantes en couvant du regard la tente d’Aïsha. La belle doute que la situation de l’adjudant auvergnat soit vraiment digne d’elle. Le reste de l’expédition, pour la convaincre, prétend suivre les ordres de Chapuis comme un seul homme. Ce qui n’est pas du goût de l’ingénieur Haardt, directeur général des usines citroën, homme ombrageux et inutile, et dont on voit bien qu’il a été rajouté après coup sur les photos. Le vent se lève et déplace des dunes, lorsque survient une attaque de chameaux en rut, attirés par les autochenilles qu’ils prennent pour des chamelles également rutilantes, à cause des odeurs de graisse. Chapuis tente de protéger Aïsha, qui ne risque rien, mais c’est Audouin-Dubreuil, fier Saint-Cyrien et vrai chef de l’expédition, qui juché sur l’une des voitures graissées à la graisse de chamelle, fait fuir les animaux ithyphalliques, en leur récitant Le Lac de Lamartine… Pourquoi l’Atlantide ? Chers lecteurs, la suite au prochain épisode.

Vers Chapuis Tèr
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« Raid Citroën, première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide », reliure demi basane marron, dos orné : Les Aventures de l’Adjudant Chapuis UNE

L’ingénieur et le soldat, réunis pour l’avancement de la civilisation, attendent le cuistot devant une assiette vide

C’est avec émotion que je coupe et lis pour la première fois les pages, imprimées en 1923 et jamais lues, du « Raid Citroën, première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide », reliure demi basane marron, dos orné — envoyé par une librairie anglaise… Un style inimitable : « pour la gloire de l’industrie française », « notre Empire africain », « Vive la France ! », etc… J’en ai la chair de poule et la Marseillaise me monte au nez, je me mets au garde à vous à toutes les pages ! Et qui se souvient de l’adjudant Chapuis ? Adjudant Chapuis, du bas de tes bacchantes, ce sont 90 années d’héroïsme militaire qui nous contemplent ! Pour tout mon persiflage, ces pages restent imprégnées de l’enthousiasme et de l’euphorie de l’exploit… Cette lecture, pour mon prochain roman ; j’y reviendrai sans doute ; pourquoi l’Atlantide ? Chers lecteurs, la suite des aventures de l’adjudant Chapuis, comment il vécut comment il mourut, et ses amours avec la princesse berbère sauvée du rezzou, au prochain épisode…

Vers Chapuis deuse : bliquez ici !

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