Festival International du Film de Toronto : MON PIRE CAUCHEMAR, d’Anne Fontaine avec Isabelle Huppert, André Dussolier et Benoît Pooelvoorde : démagogie et anti-intellectuallisme

Je ne m’attarderai guère : ce film a été une grande déception, surtout si je le compare au génial Comment J’ai Tué Mon Père, de la même Anne Fontaine, vu dans un autre festival il y a quelques années. Les acteurs — est-il besoin de le préciser ? — sont excellents, mais les ressorts comiques du scénario sont usés jusqu’à la corde : l’intrusion d’un hurluberlu popu, paumé et spontané, dans l’intimité d’un couple bobo riche et cultivé. On a l’impression d’avoir déjà vu ça dix fois ; le début est très drôle, mais lorsque l’intrigue resucée se précise, les gags et les dialogues sonnent de plus en plus faux et rebattus. Et c’est une idéologie, à mon sens puante et bien au goût politique du jour, qui se déploie : le monde intellectuel est chiant snob et emmerdant, ces gens ne baisent même pas (ce qui est dit explicitement par Dussolier, en éditeur de romanciers imposteurs), et en vérité, si on leur en donne l’occasion, ils découvriront la vraie vie en s’éclatant sur une piste de pole-dancing, en se bourrant la gueule, et bien sûr en se remettant à baiser (l’abandon de la vie intellectuelle permet ce redémarrage).

Je crois que pour entendre qu’il n’y a pas de plaisirs médiats, que les livres et les arts ne sont qu’un vernis prétentieux, que ceux qui les pratiquent sont enfermés dans un carcan qui les opprime, que seuls les instincts irréfléchis comptent, et l’argent et la jouissance, on n’avait pas besoin d’un nouveau film, ni de tels acteurs : il suffit d’allumer la télé à n’importe quelle heure, ou de considérer les valeurs incarnées par les membres du gouvernement, et leur chef éminent. Mais vous avez raison, Anne Fontaine, si on veut un peu d’audimat, il faut crier avec la meute.

Les deux dames étaient présentes pour un « Q&A » à la fin du film : malheureusement prétentieuses, auto-satisfaites et méprisantes vis-à-vis du public Torontois, éludant toutes les questions par des pirouettes ou des  plaisanteries bâclées.

ps pour Anne Fontaine : je suis un intellectuel, ma vie sexuelle va bien, merci, et mon plaisir n’est pas du même ordre mais plus grand à déchiffrer un beau texte ou découvrir une belle oeuvre qu’à me saoûler et danser toute la nuit, ce que je sais faire aussi, comme beaucoup d’entre nous.

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Classé dans Accablements, Grains de sable isolés

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