…et une belle expérience, pour moi et je l’espère pour le public. Merci à tous ceux qui se sont déplacés un jeudi soir à l’heure où les bureaux commencent tout juste à fermer, et merci aussi à ceux qui ne se sont pas déplacés parce que, finalement, nous étions je crois au complet dans la salle de l’Alliance Française. Je donnerai une seconde lecture, cette fois-ci sans le brillant concours de Sophie, le 19 juin à la Bibliothèque Centrale de Yonge Street, en compagnie des autres nominés du Prix Trillium. Ce qui m’a le plus étonné, outre la belle attention de tout le monde à la phrase littéraire et à la discussion littéraire, ce fut de constater comme tout lecteur peut se frayer un chemin qui lui est propre dans une oeuvre, et l’interpréter à sa guise. J’en suis extrêmement heureux parce que je crois qu’en deçà de ce degré de liberté on ne se trouve pas dans la littérature, mais dans l’écriture formatée, le story-telling, qui peut être envoûtant mais ne laisse pas le lecteur errer, s’interroger, critiquer, interpréter, imaginer, inventer, et en définitive participer à la création. Ainsi pour cette page que j’ai lue, où le pauvre La Tripe est massacré par des entrées de lexique technique : je ne m’attendais vraiment pas à ce que cette page, écrite presque par jeu et pour montrer que la violence des textes n’était après tout qu’une manipulation de signes, et un artifice, je ne m’attendais pas du tout donc à ce qu’elle choque plusieurs personnes, voire qu’elle soit considérée par des lecteurs comme la plus insoutenable du roman ! Ainsi soit-il, et je n’ai rien à y redire, car maintenant le livre ne m’appartient plus, et les clés que je croirais en avoir ne sont après tout que celles de ce que j’ai cru écrire (et qui n’a sans doute jamais été écrit), pas de ce que vous lirez.
Autre surprise : le succés, j’ose le dire tant c’était imprévu, de notre « lecture à deux voix », dont il était impossible de saisir le sens, sinon par fragments. Il y a la une piste à explorer, pour de future mises-en-voix ! En général, grand plaisir de mastiquer ces phrases à voix hautes, et de faire retentir dans l’air du XXIème siècle ces fantasmagories ancrées dans les siècles XVIème et XVIIIème, et cette langue intemporelle que j’ai essayé de fabriquer.
Bref, au grand plaisir de recommencer (déjà, le 19 juin), et merci à tous ceux qui ont permis, par leur organisation ou leur présence, cette soirée !
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