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COMPLÈTEMENT DESTROIT, NOTRE LANGUE – la faute au manque de conroi ?

Non ! non ! vous m’avez mal entendu, je n’ai pas dit « destroy », comme dans l’affreux franglais adolescent « complètement destroy » ! (Affreux franglais devant lequel ne reculaient pas certains politiciens pourtant soucieux de l’identité nationale, ainsi que l’illustre cette fine analyse d’un membre de l’ancien gouvernement Sarkozy : « le parti socialiste, c’est destroy »).
Non, ce que j’ai dit c’est « destroit », du latin « distringere »  : affliger — à ne pas confondre avec les descendants de « destruere », détruire.

Tout ça c’est à cause du manque de conroi, depuis des années : nous n’en avons pas eu assez à l’égard du trésor commun que les fées du passé déposent dans le berceau de tous les petits francophones.
« Con-Roi ? Mais que raconte-t-il ? » Non, non, je ne suis ni royaliste-critique, ni vaginolâtre, ni nostalgique du personnage nommé plus haut. Le « conroi », issu d’un latin populaire (non attesté) « conredare », obtenu par latinisation d’un mot germanique, c’est l’ordre, l’organisation, mais aussi le soin.

Dans un vocabulaire que je reconnais un peu désuet (mais seulement depuis cinq ou six siècles) je ne regrette donc que la souffrance de notre langue, non sa destruction, et m’interroge sur une possible insouciance de ceux qui devraient être ses plus hauts serviteurs.

Pourquoi, au lieu de lutter en vain contre le franglais, n’en reprendrions-nous au contraire possession ? Car l’Anglais, ce ne fut après tout, longtemps, que du Français mal prononcé ! Jouons de l’homophonie, et réintroduisons « destroit » pour remplacer « destroy », et le « chalonge » contre le « chalenge ».

C’est en tout cas ainsi que je procèderai désormais. (Inspiré littérairement par l’intéressant essai que fit Céline Minard de ce procédé dans sa Bastard Battle, il y a quelques années.)

Mais ce chalonge est difficile, délicat, il faut s’attendre à se trouver souvent sur le fil du rasoir, il conviendra de prêter attention à là d’où viennent les mots, et par exemple d’être estolt dans le chalonge, mais pas estolt. Car le premier, figurez-vous, vient du germanique « stolz » et signifie audacieux, opiniâtre, tandis que le second, issu du latin « stultus », veut dire tout simplement idiot. (Il n’a cependant pas été à l’origine du français moderne « sot »). Ne confondons jamais l’estout de stolz et l’estout de stultus, les conséquences seraient incalculables !

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