Le glaïeul vient du gladium, glaive ! N’est-il pas magnifique qu’une arme se fût émoussée en fleur ? Autre découverte : l’origine de arroi (et de son cousin disparu conroi) : des formations latines probables arredare, conredare, basées sur la racine germanique red : préparatif, arrangement (ready). D’où il appert que, ainsi que nous avons, malheureusement, notre franglais, nos anciens eurent leur germalatin ! On n’utilise plus guère arroi, il faut le reconnaître, et à vrai dire la seule fois que je l’ai trouvé chez un auteur de notre temps il s’agissait d’une traduction du Grec (Eschylle ?) par Saint-John Perse… Le mot signifie « équipage », « matériel », « train », « suite » : j’ai vu ce matin passer dans mon quartier, une voiture de mariés suivis de tout leur arroi…
Pour finir, cette belle nuit d’amour, nuit de noces d’Érec et Énide, chez Chrétien de Troyes :
Quant vuidiee lor fu la chanbre,
Lor droit randent a chascun manbre.
Li oel d’esgarder se refont,
Cil qui d’amors la voie font
Et lor message au cuer anvoient;
Que mout lor plest, quanque il voient.
Aprés le message des iauz
Vient la douçors, qui mout vaut miauz,
Des beisiers qui amor atraient.
Andui cele douçor essaient,
Et lor cuers dedanz an aboivrent
Si qu’a grant painne s’an dessoivrent;
De beisier fu li premiers jeus.
Et l’amors, qui est antr’aus deus,
Fist la pucele plus hardie,
De rien ne s’est acoardie;
Tot sofri, que que li grevast.
Einsois qu’ele se relevast.
Ot perdu le non de pucele;
Au matin fu dame novele.
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