L’œil influé des phénomènes. Une nuit sous un pont je vis un train sombre et immobile, saisi dans l’ombre d’une église
Suspendue, impassible, au rideau noirâtre confus d’étoiles de la nuit
A la croisée de deux faisceaux de lumières coupantes tombées de vertiges invisibles.
Dans les obus noirs de la peur, les coeurs s’emballent-ils, des passagers énigmatiques de la nuit ?
Paupières opaques des wagons ! Une cloche à toute volée bat l’immobilité triste des machines, bat le bourdon des coeurs sans nom, bat les bourrasques brusques du vent, dans sa chevauchée sans prise au long des flancs,
Sur le train immobile de l’instant
PAVOR
NOCTURNUSEt l’oeil rougi qui s’ouvre sur le pont, l’oeil tout-monde, l’oeil personne, l’œil influé des phénomènes
Âpre à déjouer les sortilèges du bien et du mal, obscurs, éparpillés en copeaux de lumière sur le mystère hiéroglyphique des rails.
Plus loin une trouée ravage le paysage. Les voies ferrées convergent vers le trou noir de l’horizon. Les lasers sifflant dans la brume sont ceux d’un front de gratte-ciels, en marche sur moi dans la nuit,
Comme une église courroucée…
(Y repensant, je doute que ce train eût chargement d’humains, c’était probablement le train lourd de mes pensées, qui passait, ou encore le train emportant — mais vers où ? — les cercueils de plomb de nos destinées…)
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