JOUR DES MORTS, un poème de Paul Celan

Zao Wou Ki

Zao Wou Ki

Qu’est-ce que j’ai
fait ?
Ensemencé la nuit, comme s’il pouvait
y en avoir d’autres, plus nocturnes
que celle-ci.

Vol d’oiseau, vol de pierres, mille
Voies décrites. Des regards,
cueillis et ravis. La mer

goûtée, entièrement bue et rêvée. Une heure,
assombrie d’âmes. La suivante, lumière automnale,
offerte à un sentiment
aveugle, qui allait son chemin. D’autres, beaucoup d’autres,
sans lieu, avec leur propre pesanteur : aperçues, contournées,Des blocs erratiques, des étoiles,
noirs et plein de langage : nommés
d’un serment tu jusqu’à le rompre.

Et une fois (quand ? cela aussi est oublié) :
éprouvé le harpon,
là où le pouls osait la syncope.

Paul Celan, « Jour des morts », in Grille de Parole, Trad. Martine Broda
(…à lire au creux de la corolle de la nuit…)

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4 Commentaires

Classé dans Dieux Lares, Enthousiasmes

4 réponses à “JOUR DES MORTS, un poème de Paul Celan

  1. guillaume

    Je parcours le web à la recherche d’une piste… Comment pénétrer cet hermétisme ? Est-ce la nuit, comme on croit au début, comme vous suggérez (« au creux de la corolle… »), ou encore, ou déjà le jour, avec lumière automnale ? Est-ce le point de vue d’un poisson, qui balance sa semence au début et se souvient d’un harpon à la fin, le ciel vu de sous la mer ? Faut-il avoir sous la main le livre de Bollack pour pénétrer cette contre-parole, encore obscurcie par la traduction ?

    • Parcourez vos propres émotions de lecture pour la recherche de la piste… À mon sens c’est la nuit, la nuit du voyant où l’on voit comme en plein jour ce que l’on ne voit pas en plein jour… La nuit d’Homère, celle d’Oedipe, de Cassandre… Je suis un peu débordé, mais j’essaierai d’en dire plus prochainement sur ma lecture de ce poème magnifique, de ce paysage lunaire… (que le harpon ne morde votre poignet !)

      • guillaume

        Cet orphisme qui dans les nuages du ciel met toujours un peu de fumée des crématoires d’Auschwitz, et dans les pierres un peu des cendres, avouez que cela invite à la circonspection.

      • …l’orphschiwtz n’était pas mon idée…un peu débordé pour l’instant, à plus tard !

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