Archives de Tag: écrire
PLUIE
L’air se charge d’une prescience, d’un précipité de formes bondissantes. Le fin suspens des eaux enserre notre corps en son crible. Ce pourrait être oppressant mais il y a aussi l’attente d’une délivrance joyeuse. Des simulacres de marines sont pressés hors de notre imagination par les embruns… Brouhaha des tramways dans le rôle des vagues ! Seule tout là haut au dessus du toit une mouette valide l’illusion des déferlements de dunes…
Premier faufilement des gouttes d’eau, dans le tissu du monde, tout se défait, paix.
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Méditation suite…
Le vent souffle sur le balcon, soulevant des images et des souvenirs du désert. Peut-être le vide est salvateur, peut-être que surgira du désert la flamme bleue — ou un fin ruisseau, une voix — qui seraient moi.
Ou peut-être que la table rase elle-même fera place, s’ouvrant sur le chaos, les agrégats flottants des visions, des peurs, des pulsions… Il n’y aura rien, mais ce rien aura la forme d’un plein insensé, grouillant, terrifiant…
MÉDITATION
Devenir soi-même ce que l’on perçoit… L’éponge du bruit d’un arbre, les filaments expressifs du vent, les yeux affolés des insectes au fond de leurs terriers de chlorophylle…
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Bourdonnements
Un poème empreint dans un corps…?
Invasion ! Invasion ! Je suis l’Essaim !
Les norias de ces terres plates tournent trop lentes
Pour les desseins
De ces frelons
Qui les recouvrent
Et les mots furent jouxtes si drus qu’on ne put plus distinguer
Un vol d’oiseaux
Emmi les lettres
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Philosophie (aboli bibelot ?)
Héraclite, Platon, Marc-Aurèle — ceux-ci en Grec —, Pyrrhon qui n’a rien écrit, Montaigne, Descartes, Spinoza, Pascal, Kant, Schopenhauer, Freud, et qu’en reste-t-il ? (Au deux derniers toutefois, je dois la confirmation spirituelle de l’Être, ce qui n’est pas rien !) Qu’en reste-t-il lorsque le sommeil se retourne sur l’abîme ? Voici ma philosophie : je me jette dans la nuit, j’étreins de grandes masses sombres, eles n’ont pas de forme dans l’ombre, je lutte, je me cramponne au monstre — comme Robert-le-Diable le fit aux pieds du Pape, dans les enluminures des retables et les coups des huissiers — au matin plein de sang je n’ai pas lâché prise, je le dévoile enfin ; il a mon visage, le malin…
Classé dans Grains de sable isolés
Court conte du Temps
Sommeil agressé par des éclats de voix, portés par l’air moite de la rue. Le soir ne vient pas soulager l’étouffoir du jour, et la nuit se résout en tronçons mortuaires, assiégés par l’angoisse. Réveil, dans la gueule de bois qui suit les Visions. Il a plu. Comme dans les îles de corail cernées du rideau de perles éternel d’une vague immobile, un rouleau de nuages boucle l’horizon, retenant le temps sur la crête de ses nimbes. Menace imminente et différée, déferlement suspendu indéfiniment : de tout le jour le Temps ne s’écoulera plus.
Journée éternelle, écartelée de grandes barres de lumière blanchâtre, entre lesquelles le prisonnier écrase sa tête, pour têter un peu d’air brûlant… Des presciences, des bruissements, mais rien ne se passe. Œil rivé à l’expectative pure et vide du lointain, insupportable, inaltérable.
Tâte mon sexe, le suscite, pour qu’il redonne naissance au Temps… Entre mes jambes, enfin, le lait blanc de la vie s’écoule, charriant des vaisseaux aux carènes de bois rondes comme les espoirs qu’elles emportent, à l’assaut des Indes mystiques — charriant des voiles, charriant des peuples, liquéfiés, portant haut l’aigrette de leur orgueil sur leurs képis de giclures — charriant les Babylones, charriant les acropoles, charriant les forums agités par les orateurs de la chose publique, qui festonnent l’écume de leurs épanaphores, au ronflement des clochards dormant sous les portiques — charriant les savants hommes, érudits, gentes femmes, emportés tout distraits sur l’esquif de leur grimoire, charriant les dictateurs, charriant les filles folles que suivent des peuples en rut affolés — charriant les strates précipitées des hécatombes latentes, procréations, spasmes, générations, mort-nées, abîmes incompris, de néant tu retourneras au néant…
…entre mes cuisses nues…
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« Raid Citroën, première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide », reliure demi-basane marron, dos orné — LES AVENTURES DE L’ADJUDANT CHAPUIS, DEUSE
La belle Aïsha, princesse berbère rescapée d’un rezzou par l’expédition, refuse les avances de l’adjudant Chapuis. Les autochenilles pètent héroïquement des bielles de poulie, pendant que l’adjudant se graisse les bacchantes en couvant du regard la tente d’Aïsha. La belle doute que la situation de l’adjudant auvergnat soit vraiment digne d’elle. Le reste de l’expédition, pour la convaincre, prétend suivre les ordres de Chapuis comme un seul homme. Ce qui n’est pas du goût de l’ingénieur Haardt, directeur général des usines citroën, homme ombrageux et inutile, et dont on voit bien qu’il a été rajouté après coup sur les photos. Le vent se lève et déplace des dunes, lorsque survient une attaque de chameaux en rut, attirés par les autochenilles qu’ils prennent pour des chamelles également rutilantes, à cause des odeurs de graisse. Chapuis tente de protéger Aïsha, qui ne risque rien, mais c’est Audouin-Dubreuil, fier Saint-Cyrien et vrai chef de l’expédition, qui juché sur l’une des voitures graissées à la graisse de chamelle, fait fuir les animaux ithyphalliques, en leur récitant Le Lac de Lamartine… Pourquoi l’Atlantide ? Chers lecteurs, la suite au prochain épisode.
Vers Chapuis Tèr
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« Raid Citroën, première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide », reliure demi basane marron, dos orné : Les Aventures de l’Adjudant Chapuis UNE

L’ingénieur et le soldat, réunis pour l’avancement de la civilisation, attendent le cuistot devant une assiette vide
C’est avec émotion que je coupe et lis pour la première fois les pages, imprimées en 1923 et jamais lues, du « Raid Citroën, première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide », reliure demi basane marron, dos orné — envoyé par une librairie anglaise… Un style inimitable : « pour la gloire de l’industrie française », « notre Empire africain », « Vive la France ! », etc… J’en ai la chair de poule et la Marseillaise me monte au nez, je me mets au garde à vous à toutes les pages ! Et qui se souvient de l’adjudant Chapuis ? Adjudant Chapuis, du bas de tes bacchantes, ce sont 90 années d’héroïsme militaire qui nous contemplent ! Pour tout mon persiflage, ces pages restent imprégnées de l’enthousiasme et de l’euphorie de l’exploit… Cette lecture, pour mon prochain roman ; j’y reviendrai sans doute ; pourquoi l’Atlantide ? Chers lecteurs, la suite des aventures de l’adjudant Chapuis, comment il vécut comment il mourut, et ses amours avec la princesse berbère sauvée du rezzou, au prochain épisode…
Vers Chapuis deuse : bliquez ici !
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Rien n’a jamais commencé…
…si ce n’est peut-être une fois, il y a 13 milliards d’années… Pour ce blog 0, le plus honnête, mais aussi le plus fastidieux, serait d’évoquer tous ceux qui m’ont fait : amis, livres, influences, rencontres intellectuelles… Comme l’empereur Marc-Aurèle, admirablement, au début de ses « Pensées ». Une vie se passe à essayer de se sursoir, mais à la fin nous ne sommes qu’une lettre dans la phrase infinie.
Je citerai seulement les noms de Saint-John Perse, de Pierre Guyotat, de Pierre Michon, comme ceux des modernes qui m’ont montré que vouloir consacrer le langage n’était pas un projet caduque.


