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Petite note de lecture : je viens d’achever This Wild Darkness : The Story of my Death, par Harold Brodkey.
Il s’agit de la chronique de ses derniers mois et semaines, avant de mourir du SIDA, en 1996. Le livre a servi de support au formidable spectacle de Pippo Delbono, Questo Buio Feroce. La plus grande partie du livre exprime des pensées et réactions assez conventionnelles, et témoigne d’un égocentrisme que la maladie explique et excuse sans doute (bien qu’il fût, me dit-on, typique de Brodkey, avant même qu’il tombe malade). Mais la fin est assez grandiose, avant ce qui apparaît comme le démantèlement final de l’identité : Brodkey, en compagnie de sa femme, a été très heureux, dans les dernières semaines de sa vie, et sans même savoir pourquoi.
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L’art de la démesure, un article de MAURICE MOURIER
YANN GARVOZ, PLANTATION MASSA-LANMAUX Maurice Nadeau, 312 p.
Au XVIIIe siècle, le jeune fils d’un planteur des « colonies », après des études en France qui l’ont mis au contact des idées philanthropiques des Lumières, rentre au pays. La plantation de canne à sucre de son père fonctionne, selon l’ancien système éprouvé, sur la soumission absolue des esclaves au maître. Imprégné d’utopie rousseauiste, Donatien, qui porte le prénom du Divin Marquis, va essayer de moderniser et d’humaniser le domaine. Ce livre étrange, aux deux tiers réussi, raconte son échec.
Voyons d’abord les éléments de la réussite littéraire, qui est souvent très notable. S’agissant d’un texte et non d’une étude historico- sociologique, cette réussite repose, comme il fallait s’y attendre, sur le style. Yann Garvoz, qui est clairement perfectionniste, s’est proposé une gageure : travailler la pâte verbale, abondante et riche, de son livre, en imitant, transposant, pastichant à la fois l’oeuvre sadienne et la prose précise de l’Encyclopédie, de La Nouvelle Héloïse ou (parfois) de Bernardin de Saint- Pierre. Mais cela n’est rien. Il s’est agi aussi pour lui de mêler à ces influences en partie revendiquées une manière tout à fait personnelle, hyper-romantique ou carrément fin-de-siècle (Lautréamont, Octave Mirbeau surtout, Jean Lorrain), de traduire les chocs conjoints qu’ont produits en sa vive sensibilité d’écrivain la découverte de la luxuriance végétale propre à la nature caraïbe et celle de la sensualité particulière née, aux Antilles, du contact des épidermes noir et blanc. Gageure relevée, dans l’ensemble, la mention la plus laudative devant être attribuée – pour notre goût – à l’exactitude nuancée de la peinture des lieux : habitats, forêts, pentes des terrains volcaniques si abruptes sur la mer, quiconque a visité et aimé ces paysages à la fois charmants et inquiétants, a baigné dans cette exubérance florale et apprécié la fraîcheur sucrée d’un carbet aux heures de soleil noyé, là où l’ombre est toujours plus dense d’être gorgée d’eau, s’écriera : cela est peint !
Les ambitions de l’oeuvre, toutefois, vont beaucoup plus loin que la restitution d’un climat. Yann Garvoz entend ressusciter une structure – celle de la traite et de l’esclavage – qui, tournant sur elle-même en vase clos, dessine la figure d’un enfer autarcique, dont la clôture est ici rendue plus hermétique encore, dans la logique de la fiction qui la dénonce, par le fait que la plantation est sise sur une petite île, séparée de la grande, la Guadeloupe jamais évoquée directement, par plusieurs heures de navigation lente et potentiellement dangereuse.
C’est sans doute sur ce point que le texte, semblable à un alcool fort, à un de ces « ti punchs » redoutables que nous bûmes pour notre part, en Martinique, sur les flancs peu amènes de la montagne Pelée, atteint à son maximum de pouvoir brisant – comme on le dit d’un explosif. Yann Garvoz, sans aucune tendance au discours théorique qui affaiblirait la virulence de son anticolonialisme, par le simple jeu de la description détaillée, une description qui donne vraiment à voir les pratiques concrètes de son exploitation fictive, rend évident que le bagne Massa- Lanmaux est un bagne pour tous.
Maîtres absurdement tout-puissants, cercle mouvant de leurs serviteurs proches (ceux qui bénéficient de faveurs par exemple dues à la qualité de leurs prestations sexuelles), foule moins indifférenciée que hiérarchisée en fonction des tâches mais aussi et surtout d’un maquis inextricable de coutumes et de non-dits, travailleurs des champs presque dépourvus de tout droit, nègres marrons réfugiés en forêt et débusqués par les chiens (nous avons connu leurs descendants actuels, en Guyane, les Saramacas, ils restent timides, ayant hérité des gênes de l’apeurement) : tout ce monde est intensément lié, ou plutôt noué, enchaîné.
La prison de l’esclave est aussi celle de l’homme blanc qui croit jouir d’une liberté sans entraves. En un sens ne serait-il pas, même, plus intégralement écrasé entre les meules des machines à broyer la canne que les pourvoyeurs noirs de ces Molochs ? Les esclaves, arrachés à l’extrême diversité de leurs terroirs africains par la rapacité des négriers (eux-mêmes alimentés en « bois d’ébène », ne l’oublions pas, via les razzias inter-africaines, voir l’indispensable Les Traites négrières d’Olivier Pétré-Grenouilleau), tombent dans les plantations comme des corps décérébrés. Non seulement ils n’ont pas la même langue d’origine, mais ils ignorent tout de celle de leurs geôliers.
Peu à peu cependant un idiome vernaculaire unit ces déracinés. Peu à peu, malgré les rivalités souvent suscitées, en tout cas entretenues par les abus dont ils sont victimes, ils finissent par constituer une espèce de communauté qui, le cas échéant, saura agir collectivement malgré l’horreur des représailles. Peu à peu surtout la puissance magique du vaudou, qu’il serait périlleux pour les blancs de leur interdire totalement, soude entre elles ces âmes flottantes, y compris celles des malheureux auxquels le christianisme, complice hypocrite des bourreaux, prêche la génuflexion devant le dieu de bonté et d’amour.
Face à cette masse aux mille nuances de peau (« Et d’abord un noir, c’est de quelle couleur ? », demande Genet dans Les Nègres), aux mille velléités de révolte, le groupe ultra-minoritaire des blancs bon teint succombe très vite moins au caractère malsain d’un air pourri d’entrées maritimes et de fièvres, moins à la pollution par les fumées poisseuses du sirop de batterie qu’à son propre enfermement dans l’écoeurante assurance d’une supériorité factice. Tel est le sort emblématique de Donatien.
Tant qu’il maintient son insolite chasteté en espérant la main de la blonde Charlotte, il échappe à l’ossification morale des planteurs. Dès que la belle a choisi son rival, le bien nommé Hanus (il y avait un salopard nommé Lanusse dans l’Argentine des colonels), c’en est fait de lui. La prison sans murs, effroyable, de la plantation maudite, l’a fait basculer du statut de sans-culotte compatissant de la Section des Piques, à celui d’érotomane déchaîné des 120 journées de Sodome.
Mais il est un mérite supplémentaire de l’analyse aiguë que Yann Garvoz fait du syndrome esclavagiste. Rarement on a su mieux montrer l’opposition entre blanc et Sang-mêlé et le ferment de désagrégation dont elle est porteuse. En apprenant, par le détour d’une métaphore superbe, que des testicules de son père un flot continu de sperme a inondé la plantation, et qu’en somme il n’est pas un seul des métis qu’il côtoie tous les jours qui ne puisse être son frère, Donatien découvre avec atterrement que l’ensemble du territoire sur lequel il croit exercer sa mainmise est une toile d’araignée dont les liens de sang l’enveloppent à jamais. Cette découverte, portant sa mentalité obsidionale au paroxysme, achève de le rendre fou, plus sûrement et avec moins de grandeur que les murailles de Charenton ne fomentèrent le délire de l’illustre Marquis. Car en même temps, et l’ironie est atroce, il se trompe du tout au tout : le chabin Vigée, son frère, le fils de la Da, nourrice et par ailleurs maîtresse préférée du vieux maître, sera celui qui à la fin, après la révolte des esclaves, l’assassinat du père fondateur, la destruction de la plantation par le feu, ayant définitivement choisi son camp, le jettera hors d’une communauté dont lui seul, Sang-mêlé, a réellement le droit de faire partie. La Caraïbe a lentement fait la perle autour du blanc, ce corps étranger. Maintenant elle l’expectore, le vomit, et suturera sans doute ses blessures, se refermant sur ellemême, comme si l’autre n’avait jamais existé.
Quelques réticences cependant et pour être honnête. On regrette que la magnifique architecture scénique, en forme d’hommage au théâtre grec antique, qui rend le début du livre si orchestré (alternance du récit apparemment objectif et, à l’italique, des interventions lyriques du choeur représentant le peuple des esclaves), se brouille un peu par la suite et cède trop souvent devant la déferlante de scènes orgiaques dont le narrateur implicite n’est plus clairement situable. Cette érosion des contours veut sans doute mimer le tremblé d’une action dramatique qui, allant bon train vers son issue tragique prévisible, multiplie avec quelque complaisance les effets de Grand Guignol.
Cointreau n’en faut comme disait le Captain Cap. À force se jouer l’épouvante on la banalise et l’on sort de la vraisemblance. L’art de la démesure doit être celui de l’hybris grecque dans Eschyle : mesuré. Alors, bien sûr, Sade ! Comment procéder quand on prend Sade pour modèle ? En se souvenant – nous ne nous ferons pas que des amis parmi les sadolâtres – que bien des textes du Ressassant Marquis (mais il était bel et bien enfermé, lui, et pas seulement dans un texte), à force de surenchère, distillent une vertu dormitive que le génie de l’auteur du Dialogue d’un prêtre et d’un moribond avait su éviter en ses jours plus heureux.
Enfin, dans ce livre si bien écrit, où l’on a le plaisir de trouver correctement employés nombre de termes abusivement sortis de l’usage ou franchement rares (ainsi « panégyrie » – c’est du grec, ma soeur – qui signifie effectivement « assemblée réunie à l’occasion d’une fête »), un terrible « résolva » (à la place de « résolut »), page 229, et des crapauds, pauvres batraciens, qui « croassaient » comme autant de corbeaux, page 283. Certes, c’est peu (bravo !), mais ça se remarque à la façon d’un combat de blancs dans un tunnel. ❘
Yann Garvoz, Plantation Massa-Lanmaux, © MAURICE NADEAU, 312 p., 24 €. Extrait :
Carême passe, la plaine sous le soleil est un vaisseau en flammes, les vivants sont sur la terre comme sur un grand os calciné. La canne est dure. Ah ! ne pouvoir, en plein midi, s’étendre en haut d’un morne, dans l’ombre d’un manguier, et regarder trembler les champs dans la vague de chaleur !… Mais la canne va griller, les commandeurs sont fous, les fouets cinglent l’air de tous côtés… Tu coupes jusqu’à la nuit, et souvent jusqu’à la pleine obscurité ; on allume des flambeaux de bagasse et à grands coups de coutelas tu creuses une caverne d’ombre dans la pierre noire de la nuit, l’amarreuse qui tourne derrière toi n’est plus qu’une présence légère et furtive, et l’homme à tes côtés, enfermé dans sa propre caverne, ne se signale plus que par le choc de son coutelas sur les roseaux : qu’il s’endorme et peut-être tu es mort ! Les cabrouets branlants dansent une ronde sans fin sur les chemins, grinçant à tous les cahots ; au moulin les enfourneuses sont accablées de chaleur et de fatigue, les grands rôles tournants, gainés de bronze, les fascinent et les attirent, avec leurs dents luisantes de vesou baveux, elles les nourrissent, les dents effleurent les mains, la canne craque, la sève gicle, un instant avant elle était la vie de la plante. Dehors le vesou coule à grands flots rythmiques, puis stoppe, coule à grands flots, puis stoppe. Puis stoppe.
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Polissage de nos iris : POURQUOI LA POÉSIE, Fabrice Midal, Pocket Agora
La réponse, exigeante, sera évidente à la clôture du livre, mais résistera toujours à la mise en mots — autrement que par les mots mêmes de la poésie. Fabrice Midal procède à une phénoménologie de la poésie, et la resitue comme expérience originelle de l’Être, avant la grande coupure entre philosophie et poésie qu’opère le Platon de la République (bifurcation encore plus précoce selon Mallarmé, qui l’attribue à Homère, autrement dit à l’oeuf de notre culture !)
Fabrice Midal s’inscrit malgré cela dans la tradition Platonicienne, ou plus exactement dans la recréation qu’en a fait, à la Renaissance, le néo-Platonisme, et sa doctrine de l’inspiration, ou Furor Poeticus : c’est l’enthousiasme du poète ou du prophète, du mystique, que les muses prodiguent librement et libéralement à celui qu’elles élisent. Qui, quoi parle à travers le poète ? Quel souffle, d’où ? « C’étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde »… et le reste appartient à une expérience individuelle, que Monsieur Midal se refuse heureusement à déflorer ou décortiquer, car elle est irréductible à la reductio ad conceptum…
Oui, l’on sait, au refermer du livre (qui ne se referme pas si facilement, et probablement restera ouvert longtemps dans l’arrière pays de celui qui l’a lu), pourquoi la poésie, même si on ne peut toujours pas le dire. Comme dans la théologie négative on sait dire en revanche ce pourquoi elle n’est pas : elle n’est pas dédiée au beau, au mignard, à la recherche formelle, et surtout pas à l’épanchement psychologique où nos contemporains se complaisent (résultat de la victoire totale de l’individualisme) ? Je me permettrais de dire, en espérant ne pas outrepasser la pensée de l’auteur, que l’onyx de ses purs ongles n’est non plus dédié aux choses qu’aux mots, mais à leur rencontre, ou à leur séparation, dans l’expérience vitale.
Fabrice Midal consacre tout un chapitre à la poésie au XXème siècle, la poésie après les camps et les goulags et les totalitarismes, voire la poésie des camps des goulags et des totalitarisme, et à ce nouveau besoin qui s’impose au poète de se faire le théoricien (et trop souvent l’apologiste, le plaideur ?) de sa propre fonction, de son propre poème : car la place du poète n’est plus réservée, elle ne peut plus être occupée comme autrefois les aînés nous tendaient leur tabouret encore chaud, qu’il ne nous restait plus qu’à repeindre à notre guise en pestant contre leur passéisme… C’est au poète de construire maintenant son propre paradigme, social, intellectuel, esthétique, et probablement de le vivre, d’en jouir et d’en souffrir, plus que de le théoriser. Tel est plus généralement le lot de l’artiste moderne, et Fabrice Midal rejoint là son propre paradigme de préoccupations (cf Comprendre l’Art Moderne, du même auteur).
Ce constat d’un combat titanesque conduit pourtant à une conclusion mélancolique, tant il semble perdu d’avance : notre époque hait la poésie, elle ne la comprend plus et prétend l’évacuer, dans une simplification sinistre de l’expérience du langage, rendu utilitariste et naïvement signifiant. L’ombre de la tristesse colore donc les dernières lignes, mais je me suis rappelé que Flaubert, il y a maintenant un siècle et demi, notait déjà que son époque haïssait la poésie, et que cela n’a pas empêché Rimbaud, Mallarmé, Claudel, Reverdy, Perse, Char… pour ne citer que quelques géants (fragiles). Au long de son itinéraire Fabrice Midal puise aussi largement dans les exemples étrangers, américains, est-européens, russes, tant pour citer leurs vers que leurs commentaires théoriques. Une ouverture sur une bibliographie passionnante donc, tant de nouveaux chemins, et un livre essentiel, salubre, revigorant, que tous les enseignants en tout cas devraient lire, et auquel on doit souhaiter la plus large diffusion. Pour la poésie.
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Poème 22 de Un Signe Dans L’Été, de Jean Malrieu
Un dieu a passé par ici. La grille qui donne sur le jour n’a pas grincé. Le chien dort. Du côté de l’Orient se répand la nouvelle que les coqs dispersent sur les remparts de citadelles. Les fenêtres s’ouvrent ensemble. L’avez-vous vu ? Un dieu a dormi parmi nous. Ma taille plie. Je suis soumis. Mes joies lui appartiennent. Maître des eaux, du sel, il se penche sur l’abîme. On pourrait voir jusqu’à mon coeur. Il a sondé les rêves. Puis, comme l’arbre à l’aube retrouve ses feuilles claires, je fais cliqueter ma charge d’années.
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Court conte du Temps
Sommeil agressé par des éclats de voix, portés par l’air moite de la rue. Le soir ne vient pas soulager l’étouffoir du jour, et la nuit se résout en tronçons mortuaires, assiégés par l’angoisse. Réveil, dans la gueule de bois qui suit les Visions. Il a plu. Comme dans les îles de corail cernées du rideau de perles éternel d’une vague immobile, un rouleau de nuages boucle l’horizon, retenant le temps sur la crête de ses nimbes. Menace imminente et différée, déferlement suspendu indéfiniment : de tout le jour le Temps ne s’écoulera plus.
Journée éternelle, écartelée de grandes barres de lumière blanchâtre, entre lesquelles le prisonnier écrase sa tête, pour têter un peu d’air brûlant… Des presciences, des bruissements, mais rien ne se passe. Œil rivé à l’expectative pure et vide du lointain, insupportable, inaltérable.
Tâte mon sexe, le suscite, pour qu’il redonne naissance au Temps… Entre mes jambes, enfin, le lait blanc de la vie s’écoule, charriant des vaisseaux aux carènes de bois rondes comme les espoirs qu’elles emportent, à l’assaut des Indes mystiques — charriant des voiles, charriant des peuples, liquéfiés, portant haut l’aigrette de leur orgueil sur leurs képis de giclures — charriant les Babylones, charriant les acropoles, charriant les forums agités par les orateurs de la chose publique, qui festonnent l’écume de leurs épanaphores, au ronflement des clochards dormant sous les portiques — charriant les savants hommes, érudits, gentes femmes, emportés tout distraits sur l’esquif de leur grimoire, charriant les dictateurs, charriant les filles folles que suivent des peuples en rut affolés — charriant les strates précipitées des hécatombes latentes, procréations, spasmes, générations, mort-nées, abîmes incompris, de néant tu retourneras au néant…
…entre mes cuisses nues…
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« Raid Citroën, première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide », reliure demi-basane marron, dos orné — LES AVENTURES DE L’ADJUDANT CHAPUIS, DEUSE
La belle Aïsha, princesse berbère rescapée d’un rezzou par l’expédition, refuse les avances de l’adjudant Chapuis. Les autochenilles pètent héroïquement des bielles de poulie, pendant que l’adjudant se graisse les bacchantes en couvant du regard la tente d’Aïsha. La belle doute que la situation de l’adjudant auvergnat soit vraiment digne d’elle. Le reste de l’expédition, pour la convaincre, prétend suivre les ordres de Chapuis comme un seul homme. Ce qui n’est pas du goût de l’ingénieur Haardt, directeur général des usines citroën, homme ombrageux et inutile, et dont on voit bien qu’il a été rajouté après coup sur les photos. Le vent se lève et déplace des dunes, lorsque survient une attaque de chameaux en rut, attirés par les autochenilles qu’ils prennent pour des chamelles également rutilantes, à cause des odeurs de graisse. Chapuis tente de protéger Aïsha, qui ne risque rien, mais c’est Audouin-Dubreuil, fier Saint-Cyrien et vrai chef de l’expédition, qui juché sur l’une des voitures graissées à la graisse de chamelle, fait fuir les animaux ithyphalliques, en leur récitant Le Lac de Lamartine… Pourquoi l’Atlantide ? Chers lecteurs, la suite au prochain épisode.
Vers Chapuis Tèr
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Il existe des chefs-d’oeuvre contemporains !
Romans en français : il existe des chefs-d’oeuvre contemporains !
Débats et commentaires sur la fin de la littérature française, son déclin irrémédiable, l’absence de grands écrivains… Basta cosi ! Voici quelques romans écrits entre les années 1960 et maintenant, qui sont à mes yeux autant de livres essentiels. De la littérature qui a de l’estomac, de la couille, du clito, du style, des idées, qui déménage et qui dérange, et vous propulse au tutoiement des muses… Dites-moi ce que vous en pensez, si vous me suivez sur ces titres…
Pierre Guyotat, Tombeau pour 500000 soldats (Guyotat c’est le génie rimbaldien vivant parmi nous)
Martinet, Jérôme (une sorte de Conjuration des Imbéciles franco-russe… Inclassable !)
Maurice Pons, Les Saisons (un sommet d’absurde et d’humour noir)
Pierre Michon, Vies Minuscules
Andreï Makine, Le Testament Français
Christian Prigent, Demain Je Meurs (attention, expérimental, passionnant mais sacrément difficile à lire)
Philippe Bordas, L’invention de l’écriture
Jean-Loup Trassard, Dormance (…petite hésitation avant de l’ajouter à ma liste, mais enfin vous vous ferez votre opinion…)
…pour ne pas citer les classiques et contemporains, ou au moins récents, Claude Simon, Julien Gracq, Chamoiseau, Michel Tournier, Ahmadou Kourouma, René Depestre…
« Fange écarlate du langage, assez de ton infatuation ! » (Saint-John Perse, Dieu de la poésie universelle, dans son dernier poème, Sécheresse, de 1974)
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« Raid Citroën, première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide », reliure demi basane marron, dos orné : Les Aventures de l’Adjudant Chapuis UNE

L’ingénieur et le soldat, réunis pour l’avancement de la civilisation, attendent le cuistot devant une assiette vide
C’est avec émotion que je coupe et lis pour la première fois les pages, imprimées en 1923 et jamais lues, du « Raid Citroën, première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou par l’Atlantide », reliure demi basane marron, dos orné — envoyé par une librairie anglaise… Un style inimitable : « pour la gloire de l’industrie française », « notre Empire africain », « Vive la France ! », etc… J’en ai la chair de poule et la Marseillaise me monte au nez, je me mets au garde à vous à toutes les pages ! Et qui se souvient de l’adjudant Chapuis ? Adjudant Chapuis, du bas de tes bacchantes, ce sont 90 années d’héroïsme militaire qui nous contemplent ! Pour tout mon persiflage, ces pages restent imprégnées de l’enthousiasme et de l’euphorie de l’exploit… Cette lecture, pour mon prochain roman ; j’y reviendrai sans doute ; pourquoi l’Atlantide ? Chers lecteurs, la suite des aventures de l’adjudant Chapuis, comment il vécut comment il mourut, et ses amours avec la princesse berbère sauvée du rezzou, au prochain épisode…
Vers Chapuis deuse : bliquez ici !
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Petite note de lecture : lu Cadence, de Stéphane Velut.
L’auteur est neurologue, il s’agit de son premier roman, écrit dans la force de l’âge ! Difficile à classer : relatif à l’éros mais peu érotique, historique mais non réaliste… L’histoire d’un peintre, à qui le régime nazi commande une oeuvre officielle, et qui se sert de cette aubaine pour réaliser ses fantasmes transformatifs (oui…) sur le petit modèle mis à sa disposition. J’ai été particulièrement séduit par la cadence, justement, de sa phrase : alliance remarquable de la simplicité syntaxique et de la sophistication du vocabulaire, le tout ajusté avec la précision de la mécanique prothétique dont le peintre affuble son modèle… La fin m’a déçu, métamorphose des hordes nazis en animaux divers, que l’on a déjà vue/lue à plusieurs reprises.
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