Archives de Tag: poésie

Les grandes peurs, les tornades, les tempêtes qui nous traversent

Les grandes peurs, les tornades, les tempêtes qui nous traversent

Plaies
(Tes villes, répandues en poussière, et qui n’ont jamais existé : corail de verre dedans le ciel, et derrière chaque fenêtre éteinte, l’animalcule emmaçonné)
d’Égypte.

Derrière mes paupières, un champ lève. À l’horizon, le nuage noir de la prescience,
infuse : volutes, amas, lobes, vortex, cortex

Je ne serai pourtant pas le héros, au bras calme portant,
aux goufffres de mémoire, le sacré coeur de paix
ni le Saint Jean-Baptiste
Je n’ai pas vu la Vérité
Ses voiles !
C’est dans le noir que nous nous sommes baisés ! Qu’on ne m’accuse
de lâcheté : la vérité ne se voulait pas voir

D’où, d’où, se tenir ?

Lien vers toutes les jaculations nocturnes et diurnes, cliquer ici

Lien vers la page d’accueil : cliquer sur le titre du blog, La Bibliothèque des Sables

3 Commentaires

Classé dans Grains de sable isolés, Jaculations nocturnes et diurnes

Que faire de Paul Celan ? Deux poèmes sublimes…

Que faire de Paul Celan ? La question n’a rien de rhétorique, elle s’impose à moi à chaque lecture, à plus d’un titre. D’abord, que faire de cet excés de beauté ? La sensation s’en tend comme un nerf, et je pèse mes maux. Malgré l’opposition de Jean Bollack (Poésie contre Poésie) à ce qu’il perçoit comme un alibi visant à ne pas éprouver les insuffisances de certaines théories sur un texte qui les démasquerait pour ce qu’elles sont — des théories —, malgré donc, il y a dans la poésie de Paul Celan une mise en tension du langage à la limite de la communication : langage éployé sur l’arc de la signification, jusqu’à ce qu’il nous échappe, ou qu’on ne sache plus ce qu’il nous dit, qu’on ne sache plus de quel monde il nous ramène ce qu’il nous dit, bien qu’il nous le dise. Martine Broda (Dans la Main de Personne) n’était pas la plus mal placée pour cet aveu d’incertitude.

Puis, pour un romancier, Paul Celan, c’est une mauvaise lecture ! Durant des années, j’avais nourri mon écriture de Plantation Massa-Lanmaux par la lecture de Saint-John Perse — et de bien d’autres, mais enfin la puissance langagière propre de Saint-John Perse, qu’on a beau jeu facile de caricaturer en emphase, prédominait. (car c’est je crois chez les poètes, et non chez les romanciers, qu’on trouve la recherche sur les atomes de la littérature, le mot, le rythme, le son ; au roman l’exploration des structures, du discours et des perceptions.) De Saint-John Perse j’ai retiré de fortes influences pour mon style, l’abandon au lyrisme, la rutilance du monde dans les inflexions du verset. Rien de tel chez Celan, mais une destruction des prestiges du langage, une mise-en-garde contre ses mensonges, et les âmes accusatrices des morts dans les larmes des mots. Comment écrire après Celan ?

EN BAS

Rapatrié dans l’oubli,
le dialogue convivial de nos
yeux lents.

Rapatrié syllabe après syllabe, réparti
sur les dés aveugles le jour, vers quoi
se tend la main du joueur, grande,
dans l’éveil.

Et le trop de mes paroles :
déposé sur le petit
cristal dans le fardeau de ton silence.

In  Grille de parole, Traduction Martine Broda

 

 

Tu es couché dans la grande ouïe

Tu es couché dans la grande ouïe,
embuissonné, enfloconné.

Va à la Spree, va à la Havel,
va aux crocs des bouchers,
aux rouges pals des pommes
de Suède* —

Vient la table avec les étrennes,
elle tourne autour d’un Éden —

L’homme, on en fit une passoire, la femme,
elle a dû nager, la cochonne,
pour elle, pour personne, pour tout —

Le canal de la Landwehr ne bruissera pas.
Rien

ne s’arrête

*Schw-eden, en Allemand

(Traduit et cité par Jean Bollack, dans son formidable Poésie contre Poésie)

En ce second poème, terrible mise-à-nu de la barbarie sanglante derrière les éléments traditionnels d’un noël Berlinois. L’homme et la femme, ce sont Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg, assassinés, avant que le cadavre de « la femme » ne soit jeté dans la Spree. Extraordinaire condensation d’image, de sensation, de vision, dans les « rouges pals des pommes de Schw-Eden » : la pomme de la connaissance, la croix du christ, le sang, un pays de neige, l’eden, la chute… Tout cela sur l’étal d’un marché de noël… L’histoire vibre encore dans le présent faussement pacifié.

Tous les articles de la catégorie « Enthousiasmes » : cliquer ici

Tous les articles de la catégorie « Dieux Lares » : cliquer ici

Pour revenir à la page d’accueil, cliquer sur le titre du blog, La Bibliothèque des Sables

Poster un commentaire

Classé dans Dieux Lares, Enthousiasmes

Psychanalyse (limbe de la nuit)

De grandes ombres latérales bombent le flanc de notre passage, s’abouchent à nos oreilles :
nous ne les voyons, ne les entendons pas.

Aujourd’hui il me semble être à l’orée d’un autre moi-même

 

 

 

 

Lien vers toutes les jaculations nocturnes et diurnes, cliquer ici

Lien vers la page d’accueil : cliquer sur le titre du blog, La Bibliothèque des Sables

Poster un commentaire

Classé dans Jaculations nocturnes et diurnes

Exilium Exemplum

C’est ton manège qui m’entraîne Paris

Paris les sanglots longs des violons de l’automne

La chaîne rompue pourtant, ton manège estompé dans les derniers grelots

de neige le bruit blanc du planétarium flocons              Radio Paris

d’ondes mortes                                                                      coton

ta voix                                                                                      oxygène

et pourtant elle tourne en moi giration                            oraison

tourne en moi la nébuleuse du Scythe ses bras-            Radio Paris ment

-faux                                                                     Radio Paris parle Allemand

Où, se tenir ?

Lien vers toutes les jaculations nocturnes et diurnes, cliquer ici

Lien vers la page d’accueil : cliquer sur le titre du blog, La Bibliothèque des Sables

Poster un commentaire

Classé dans Jaculations nocturnes et diurnes

À l’attention des poètes romantiques…

…cette belle page de Jean Bollack, au sujet de la relation entre Paul Celan et Ingeborg Bachmann. On peut y déceler l’emprise de rôles bien définis : à l’homme la haute proposition métaphysique, à la femme le sacrifice de soi et le service de son Érec dans ses aventures supra-humaines… Mais ne boudons pas notre plaisir et notre émotion.

Tous les articles de la catégorie « Enthousiasmes » : cliquer ici

Tous les articles de la catégorie « Dieux Lares » : cliquer ici

Pour revenir à la page d’accueil, cliquer sur le titre du blog, La Bibliothèque des Sables

Poster un commentaire

Classé dans Dieux Lares, Enthousiasmes

Andreï Tarkovski (Solaris)

Nous ne devrions rien avoir de plus urgent que de fixer dans l’art — l’image,  la langue — l’éruption sensorielle, le déferlement, l’orgie permanente de notre captation du monde — fragile, inconsistante, impérenne.

Nous n’avons rien de plus urgent que de la masquer, l’oublier, la précipiter dans l’insu et dans le temps passé en vain…

(Fonction mémorielle, sociale, symbolique et sacrée, de l’art !)

Tous les « Enthousiasmes » : cliquer ici
Tous les « Chemins de vie/de pensée » : cliquer ici
Tous les « Ouvrir les yeux sur les mirages » : cliquer ici
Pour revenir à la page d’accueil, cliquer sur le titre du blog, La Bibliothèque des Sables

Poster un commentaire

Classé dans Chemin de vie/de pensée, Enthousiasmes, Grains de sable isolés, Ouvrir les yeux sur les mirages

Méditation 3

Émousser ce ressort qui va du coeur à l’âme, de l’âme jusqu’à la vie tendue — vita tesa. Si l’oeil doit se retourner dans sa vulve, qu’il ne retrouve dans sa visée intérieure les tours concupiscentes de la cité des appétits, vues d’en haut, ni d’en bas.

 

 

 

Lien vers Méditation 1, cliquer ici
Lien vers Méditation 2, cliquer ici
Lien vers toutes les jaculations nocturnes et diurnes, cliquer ici
Lien vers tous les articles de la catégorie Chemin de vie/de pensée, cliquer ici
Lien vers la page d’accueil : cliquer sur le titre du blog, La Bibliothèque des Sables

Poster un commentaire

Classé dans Chemin de vie/de pensée, Grains de sable isolés, Jaculations nocturnes et diurnes

Hilarité de Saint Brendan

L’ermite Saint Brendan n’avait qu’un îlet de mer bise une

Touffe de jonc un

Porc

Mais des racines de ses pieds montaient

Macérations

Délictueuses

Toutes les

Montaient

De la Terre

De la souille jusques au au ciel

Et il riait

Riait

Riait dans l’écume

(Et paraît-il que le cochon, le ci-avant élucubré, accrochant ses rillettes à la barbe du doux saint rieur, grimpant sur le chauve chef chenu, entra au Paradis)

Autres jaculations nocturnes et diurnes (cliquer)

Pour revenir à la page d’accueil, cliquer sur le titre du blog, La Bibliothèque des Sables.

Poster un commentaire

Classé dans Jaculations nocturnes et diurnes

Lui qui vit ma vie

On vit ici d’une vie toute intellectuelle. Pourtant il faut bien que le moi social, parfois, continue à s’agiter autour d’une dinde aux marrons. Je lui ai laissé une certaine licence je l’avoue, content de pouvoir cependant vaquer à mes occupations. Mais sa croissance m’étonne et, de plus en plus troublante, sa présence insolite au travers de chez moi. Mes yeux ne croient pas toujours ce qu’il voit, et ses paroles résonnent avec la distorsion des rêves : je n’en reviens pas, d’où il a pu m’emmener ! Il me vient parfois l’envie de le laisser à ses prises de langue étrangères, voire de le liquider : il se dégonflerait comme une baudruche, immédiate-ment, pschiit ! Mais il ne faudrait pas qu’aussitôt —tchac ! — il se reforme ! Pareil si je m’en vais… Tchac ! Il faut aller vraiment loin pour être certain de le semer, et là-bas si loin, hein, je dois bien admettre que ce n’est pas toujours drôle… Oh bien sûr on s’y marre parfois, si on trouve des copains choisis, des copains de premier choix, et alors on roule sous la table en compagnie des fesses, des bouteilles et des bites! Mais le plus souvent je dois dire que ça finit mal, ces Pontiques…

En attendant je ne parviens plus à accomoder le regard : tous ces flocons de neige s’éjouient-ils d’un rire cristallin et commun, quand le vent solaire les peigne sur les aiguilles de sapin ? ou une solitude bleue-froide règne-t-elle sans rémission, dans les espaces qui les séparent ?

Autres jaculations nocturnes et diurnes (cliquer)

Pour accéder à tous les articles de la catégorie Chemin de vie/de pensée, cliquer sur la catégorie ci-dessous, ou ici.

Pour revenir à la page d’accueil, cliquer sur le titre du blog, La Bibliothèque des Sables.

1 commentaire

Classé dans Chemin de vie/de pensée, Jaculations nocturnes et diurnes

Herse

Montée de la boue dans les eaux

Du soir

Obscurcissement

Du sens

 

Pour accéder à toutes les Jaculations nocturne et diurnes, cliquer sur la catégorie ci-dessous, ou ici.

Pour revenir à la page d’accueil, cliquer sur le titre du blog, La Bibliothèque des Sables.

1 commentaire

Classé dans Jaculations nocturnes et diurnes, Ouvrir les yeux sur les mirages